(R)Evolution
Un matin, je me suis réveillée, et comme une évidence, j'ai compris une chose fondamentale : je suis une femme. Ne souriez pas. Cela m'a bouleversée, parce qu'en moi vivent toujours l'enfant joueuse et cabotine, la jeune femme timide et naïve. Mais à présent, la part jusqu'ici effacée, la femme, plus mûre, plus posée, plus assurée a pris le pas sur les deux autres. J'ai réalisé alors que les gens avaient déjà fait le mouvement de balancier me concernant : les "Madame" au rendu de monnaie, les réunions professionnelles où lorsque je parle, on m'écoute, sérieusement, mes parents qui me parlent avenir... Tout le monde semblait s'être rendu compte que j'avais grandi, sauf moi.
Mais c'est vrai. J'évitais juste le sujet. Je faisais comme si... Comme si je ne voyais pas cette envie prégnante de construire, de faire ma vie, sans juste la vivre de façon enjouée. De faire ma place. Comme si je ne sentais pas, au fond de moi, l'envie d'être mère, et pas uniquement parce que "J'aime les enfants", ou "Je viens d'être tata".
Mercredi dernier, j'avais pris une journée pour me poser un peu, souffler. Je me suis promenée le long du canal, j'ai pris quelques clichés. Appuyée contre un mur, j'attendais que le flot de voiture passe pour prendre en photo la vitrine d'Antoine et Lili, très colorée... J'ai entendu un petit rire. J'ai levé la tête. En haut, un petit square et derrière le grillage, une enfant de trois ou quatre ans maximum, me regardait et s'amusait de me voir là. Je lui ai fait un sourire. Elle a éclaté d'un rire sybilin puis m'a fit un signe de la main et m'a lancé un "Au revoir" qui a claqué dans le vent. Peu après, dans la rue, j'ai doublé une petite fille et son papa sur le trottoir avant de m'apercevoir que la gamine était revenue à ma hauteur et faisait la course avec moi. Son papa tout étonné s'est mis à rire. J'ai lancé un "Je l'emmène avec moi !". Au coin de la rue, j'ai tourné. Le papa a continué avant de rappeler l'enfant qui avait suivi ma route.
Ces deux évenements pourtant anodins m'ont mis devant une évidence profonde. Oui, j'ai grandi. Oui, je suis une femme. Mais surtout j'ai des aspirations de femme. Est-ce parce que j'ai rencontré l'homme qu'il me fallait ? Celui avec qui je peux partager, tout... Ou juste parce qu'en moi, il y a cette dynamique, cette force qui me pousse en avant, plus loin, plus haut ? L'envie de prolonger un élan de vie. Et de l'élan, je suis prête à en prendre. Je ne demande que ça.