Je savais qu'il était là, dans le ventre de sa mère, mais pour l'homme, c'est différent. Moi je le sentais pas bouger, donner des coups de pieds. Je ne me sentais pas en fusion, en harmonie. Je ne pouvais que poser ma main sur ce ventre rebondi, regarder le bonheur sur le visage de Lou, et espérer qu'il allait m'inonder par ondes, rien que par le contact de nos deux peaux.

Et puis ce jour-là, tout s'est précipité. Le coup de fil au travail, elle était à l'hôpital, elle avait pris un taxi de peur de ne pas arriver à temps. J'ai tout plaqué, j'ai sauté dans mon pot de yahourt, tout fou. Je crois bien que j'ai grillé un feu rouge. Et puis le pire est arrivé. Je me suis retrouvé dans les bouchons. Toutes les voitures de la ville s'étaient données rendez-vous sur le périph', dans le seul but de me ralentir. Et le plan a marché.

Quand je suis arrivé, le bonhomme était déjà sorti. Ça n'arrive jamais un accouchement en deux heures. Mais si. Ma bonne étoile avait dû se barrer en vacances, pas possible. J'ai cru que Lou allait me tuer, mais non, elle était radieuse. Une tête pas possible, les cheveux ébouriffés, les joues rouges, des yeux fatigués comme jamais. Mais un sourire nouveau. On ne s'est rien dit. Le temps était comme suspendu. Et ses yeux sont tombés sur le lit de bébé posé près d'elle. J'ai suivi le regard. J'ai vu mon fils. Je l'ai pris dans mes bras et là, il s'est passé un truc incroyable. Il m'a regardé. J'étais si étonné que je n'ai plus bougé, de peur de rompre la magie du moment. Et là, je peux vous dire, c'était mon tour de sentir la fusion, l'harmonie.

 

 

Ecrit dans le cadre du KaleÏdos-coop.

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