Lundi 1er Janvier - 05h30 environ

Je suis dans la cuisine, je prépare des portions de ce qui reste du diner pour que les copains aient un pti quelque chose à grignotter demain (et parce qu'avec Mr L, on aime pas le gâchis, ni le fromage-qui-pue cela dit ;) Quelqu'un toque à la porte. Jaja, qui venait de partir se tient devant moi, tout penaud. La petite vieille du 3ème erre dans le hall. Je hausse les épaules, c'est un fait plutôt habituel. "Sauf que là, c'est différent" qu'il me dit. Sa porte a claqué. Elle est enfermée dehors, en chemise de nuit. Concile de guerre. Je descends avec la poubelle (je gagne un voyage) et lui demande ce qu'il en est. Confuse, les yeux dans le vague, elle explique qu'elle n'a pas ses clefs, qu'elle ne sait pas qui a des doubles. Elle n'a aucun contact à me donner pour que j'appelle. Bref. La merde.

Lundi 1er Janvier - 05h45

Dans le hall, Jaja sur les talons, un peu embêté d'être à la source de ma fin de soirée sympathique. Le doigt sur la sonnette du concierge, je cherche une approbation quelconque. Jaja a un sourire crispé. La petite vieille s'agrippe à ma manche "Il va venir avec les clefs ?" Euh. Je sonne. J'imagine la tête du gardien, j'imagine qu'il se lève énervé, qu'il va arrivé peu ravi de cette intrusion matinale. J'entends son chien qui aboie. Mais rien ne vient. Je sonne à nouveau. On attend. Jaja se crispe un peu plus. La petite vieille tourne en rond. A l'évidence il n'y a personne. THINK.

Lundi 1er Janvier - 05h50

Je renvoie Jaja chez lui, j'essaie de le rassurer. Il est embêté mais il ne peut pas faire grand chose de plus. Il part un peu déconfit. Je remonte avec la dame à son étage, bien décidée à me mettre à dos tout le 3ème. Elle, toujours à côté de la plaque, pleine d'espoir "Vous allez m'ouvrir ?" "Je n'ai pas vos clefs madame, on va aller voir vos voisins".

Lundi 1er Janvier - 06h00

A l'évidence, soit personne ne fête nouvel an chez lui, soit les voisins de la dame préfèrent nous laisser seules dans le couloir. Elle tremble un peu, continue à tourner en rond comme un lion en cage. Je ne sais plus quoi faire. Je pense à appeler le samu, ou les pompiers... Elle me dit alors d'appeler un serrurier. Pas si à l'ouest que ça la mamie. Je lui demande si elle a de quoi payer, et là, à nouveau le flou. Puis "Non". THINK. "Quel est votre nom madame ?"

Lundi 1er Janvier - 06h15

Après lui avoir demandé de rester un instant devant chez elle, à m'attendre, en lui assurant que j'allais vite revenir, me revoici chez moi. Le concile de guerre (mes amis encore là après la fête) a tranché : j'appelle le 17. Pas si bien calculé que ça. A la gendarmerie, on a pas plus d'idée qu'içi. On me conseille d'appeler un serrurier. Visiblement à la question "La dame est dehors, devant sa porte ou dehors, dans la rue ?" j'aurais dû répondre "dans la rue", ils auraient certainement agi. Désamparé, le gardien me renvoie sur le commissariat. J'appelle donc le numéro qu'on m'a donné. Explications à nouveau. Je pense à la mamie devant sa porte. Grrr. La personne a l'air un peu plus dégourdie. Elle va appeler un serrurier elle-même, et me rappelle. Je raccroche. La concile de guerre n'en revient pas. Là je pense au calendrier offert par le gardien pour les fêtes avec son numéro dessus. J'appelle, sait-on jamais, que ce soit un autre numéro que chez lui (vu que personne n'a ouvert tout à l'heure) et là, oh surprise, ça décroche. C'est la fille du gariden, ses parents sont en vacances, elle n'a aucune clef (c'est balot), c'est la concierge qui les remplace qui les a. Espoir. Elle n'habite pas l'immeuble et de toutes façons, elle est "loin". Demain (entendre aujourd'hui) c'est férié, elle ne vient pas. Bref, elle ne peut rien faire. Elle raccroche rapidement.

Le téléphone sonne peu après. Le commissariat à nouveau. Ils ont appelé un serrurier, il devrait venir dans 45 min. "Je ne suis pas sûre que Mme M. ait de quoi payer". "Et bien, si ca ne vous ennuie pas, vous allez demander un devis au serrurier. Parce que des fois, ils essaient d'arnaquer les personnes âgées.". Ah. "Et c'est quoi les prix d'un serrurier basique ?". Silence. "J'en sais rien. Vous verrez bien s'il demande 1500 euros c'est un arnaqueur. Et puis celui que je vous envoie, je crois qu'il est réglo". Alors là je m'échauffe. Je n'ai pas du tout envie de gérer ça. Surtout que même si le serrurier est réglo, je ne sais franchement pas si Mme M pourra le payer. Je repense à la concierge de remplacement. En parle à la femme du commissariat. Elle me dit "ok appelez la". Je lui réponds "Ok, VOUS allez l'appeler.". Je lui donne le numéro. Puis mon portable. Cette fois, marre d'attendre chez moi devant le téléphone en laissant la dame seule dehors. Même si elle le fait tout le temps, je me sens à présent responsable. Je me mets en action. Je vais chercher un pull, une bouteille d'eau.

Lundi 1er Janvier - 06h30 environ

J'arrive au 3ème. Elle a disparu. Je descends dans le hall. Elle n'est pas là non plus. Je sors dans la rue. Personne. Merde. Je remonte au troisième, regarde dans le local vide-ordures, la cage d'escalier. Merde. Et là, je cogne à sa porte. Et elle m'ouvre. Etonnée de me voir. "Comment êtes-vous entrée ? Vous aviez les clefs ?" et là, elle montre la porte d'en face "Il m'a ouvert". Donc là, soit le voisin a effectivement ouvert (donc il était là quand j'ai sonné une demi heure plus tôt, salo) ou alors elle m'a menti, elle avait les clefs. A ce moment-là de l'histoire, j'en ai plus rien à faire. Elle est chez elle. C'est otut ce qui compte. Je lui dis d'aller se coucher, de rentrer, et de ne plus sortir se promener. Elle me dit oui, toujours confuse, me demande si Mr Machin va venir. Je dis que je n'en sais rien. Je referme la porte. Dans l'ascenceur, le commissariat me rappelle. Ils n'ont pas réussi à joindre le concierge. Je les rassure. La dame est chez elle. Au commissariat, soulagement. "C'est génial" Je retiens un rire. Je rentre. Les copains sont presque tous partis. On se dit bonne nuit. Je me couche, un peu sur les nerfs mais soulagée. A peine 6h passé en 2007 et déjà une première "aventure". Bonne année !

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