J'aperçois le vieux monsieur au moment où il vacille un peu, au rythme du métro. Il plisse les yeux, comme ébloui, comme s'il n'avait presque plus de vision et tentait malgré tout de discerner nos spectres pâles.

Il lance un "Mesdames, Messieurs" assourdi par les sursauts du train. Mon premier réflexe, typiquement parisien, est de baisser le regard. Presque aussitôt, la honte me fait relever le nez. Le vieil homme semble perdu. J'attends une suite à ce début de phrase qui reste en suspens, dans le silence des passagers.

La station Miromesnil se présente aux portes ouvertes du métro. L'homme descend juste au moment où ma main a trouvé quelques pièces dans ma poche. Je ne comprends pas. Je ne sais même pas s'il faisait la manche, ou s'il allait demander un renseignement ou qui sait… de l'aide. Il reste un instant désorienté sur le quai, clignant des yeux.

Le train redémarre et j'ai l'impression que mon cœur est resté sur le quai. Qu'il est lourd, le poids de l'impuissance.

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